Voilà ce que je vois. Des crabes noirs avec de grosses pinces et de longues dents. Des gens plus occupés à se tirer vers le bas les uns les autres, pour apprécier les efforts de chacun. L’affaire #KemiSeba divise actuellement : d’un côté des supporters de l’homme, d’un autre ses détracteurs, et certains, qui sont des mercenaires qui ne sont pas intéressés par la personne. Je ne souhaite pas parler de l’individu, mais j’aimerai vous parler de faits…
Récemment j’ai eu la chance de beaucoup échanger avec des jeunes des divers camps, pour comprendre que les détracteurs de Kemi Seba adhèrent quand même à sa cause. Ils la comprennent, se battent même pour cette même cause, mais n’aiment pas l’homme et ses méthodes. Ses supporters le trouvent pertinent, intelligent, bref, c’est le héros qu’on mérite et celui qu’il nous faut ; c’est le chevalier noir. Après il y a les mercenaires de la cause qui eux regardent au delà de l’homme et des manières. Ceux là jugent les faits, comprennent, sont en désaccord ou en accord, mais ne condamnent pas la personne. Que celui qui n’a jamais fait les choses de travers, se jette la première pierre.
En ce qui me concerne, je ne suis pas fan de Kemi Seba que je connais même trop peu. Par contre, ce pourquoi il se bat m’intéresse : la fin du néocolonialisme, la rupture avec la domination occidentale, en bref la liberté pour nos peuples africains de disposer de leurs vies et de garantir leur avenir comme il leur plaira. Jusque là, peu importe le camp dans lequel on est, tous souhaitent voir ces choses s’accomplir. Seulement voilà, il y a deux sortes de gens dans le monde : ceux qui agissent pour que les choses s’accomplissent, et ceux qui médisent sur les actions des premiers. Puis il y a les fans de Kim Kardashian. Mais ça c’est une autre affaire.
Ceux qui agissent le font avec les moyens qu’ils ont. Ils sont motivés par le coeur ou par l’esprit, ils peuvent être fins stratèges ou sont des brutes qui foncent dans le tas. Certains posés et réfléchis, d’autres sont impulsifs et passionnés. Toujours est il que, dans leurs diversités, ils prennent des actions en faveur de ce qui leur tient à coeur, et vont au bout de leur lutte. D’ailleurs, ils se battent souvent pour eux -même ; à la recherche de la gloire, de l’honneur, de la reconnaissance, de l’argent, ou bien ils se battent pour des choses qui touchent d’autres gens en dehors de leur propre personne ; comme la justice, la famille, la liberté ou toute cause qu’ils trouvent noble et qui peut changer la vie d’autres gens, comme l’amour.
Et parce que les choses s’enmêlent dans la vie, il arrive que ces guerriers trouvent leur gloire dans des combats pour la liberté des autres, trouvent l’honneur dans la libération des opprimés, trouvent la reconnaissance et la fortune tant voulues, dans l’amour des gens. En fin de compte, quand vient le soir, chacun est content d’avoir obtenu ce qui lui était cher.
Quand j’entends des gens dire que Kemi Seba n’est intéressé que par sa personne, il cherche la renommée et faisant beaucoup de bruit pour rien, j’ai envie de leur répondre “et alors? Est-il en train de faire du bruit pour lui? Pour tous?” Mais plus important encore, “contre qui fait-il tout ce bruit? Quand je parlais du panier de crabe, c’est à ça que je voulais en venir. Les gens sont plus occupés à parler de la personne et de sa manière de se battre, que des raisons de se battre et comment venir en renfort, et plus important, qui est l’adversaire.
Cher sénégalais, cher africain, Kemi n’est pas ton ennemi ni ton adversaire. Il n’est peut être pas ton ami, mais il est de ton côté, c’est un allié. Et en temps de guerre tout allié est utile et nécessaire. Si Kemi n’est pas ton ennemi ni ton adversaire, alors pourquoi cherches-tu à le décrédibiliser? Pourquoi l’attaques tu alors que vous avez un adversaire commun, et un objectif commun? Parce que tu n’aimes pas ses méthodes? Qu’est ce que ça change. A la guerre, il y a des mineurs, des snipers, des cavaliers, mais surtout, il y a l’infanterie. Ceux là même qui vont à pieds dans la boue, en premier rang, certains de prendre des coups, mais qui vont quand même en pensant à ceux qui arrivent derrière. Ils foncent afin que leurs cadavres pavent la route et facilitent la courses aux arrivants.
Si vous avez regardé la série #viking, vous verrez que quand on crie “shield wall” la formation se fait automatiquement. La première ligne est composée de guerriers qui ne souhaitent qu’être premier dans le combat, qu’ils soient doués ou non, mais qui sont prêts à faire l’effort qu’il faut contre l’adversaire, ne serait que se sacrifier pour qu’un allié tue l’ennemi. C’est dire que chaque personne compte, et chaque effort est à louer, car rien ne se fait en vain. Et d’ailleurs ceux qui disent qu’ils sont aussi engagés que Kemi Seba, mais ne font pas autant de remue ménage, laissez moi vous dire une chose : le jour où vous aurez besoin de descendre dans la rue pour faire un remue ménage, vous trouverez une pléthores de gens chez qui votre cause fera écho, et qui oseront marcher à vos côtés au besoin. Parce qu’il y aura eu des précurseurs qui les auront habitué au courage et au combat. Vous n’aurez pas à partir de zéro, vous serez compris, ou pas, mais vous serez soutenus. Et forcément vous en aurez besoin, aucune révolution ne s’est faite pendant que tout le monde était couché dans un lit.
Voilà ce qu’il nous faudrait, nous soutenir dans la diversité. Oui il y a d’autres combats à mener, mais chacun a le droit de choisir le sien. Les sensibilités ne sont pas les mêmes, mais si chacun réussit son combat de son côté, il ne suffira plus qu’à connecter tous les mouvements pour créer une tornade, et déchaîner toute cette force. La cause est une, l’adversaire est commun, et c’est ensemble que nous vaincrons. Dans la différence, avec les maladresses de certains, mais comme personne ne fait mieux que l’autre, acceptons que le plus important est de faire. Chacun pour soi, mais la même cause pour tous. Une fois de plus, nous nous désolidarisons au lieu de vaincre l’adversaire, pour ensuite laver le linge sale en famille.
Le fait est qu’à ce rythme, personne ne va sortir du panier, alors que chaque pince devrait pouvoir couper un fil.